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TITRE:

JEAN-FELIX LALANNE (08 AVRIL 2015)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

GUITAR HERO



Bumblefoot, Christopher Cross, Paul Personne, Axel Bauer, Nono Krief... font partie des invités de l'édition 2015 de "Autour de la Guitare", il n'en fallait pas plus pour Music Waves rencontre l'organisateur de cette fabuleuse affiche....
STRUCK - 22.05.2015 -
9 photo(s) - (2) commentaire(s)

C'est dans les salons d'un grand hôtel parisien que nous avons rencontré Jean-Félix Lalanne visiblement ravi de nous présenter cette incroyable édition "Autour de la Guitare", vraisemblable tournant dans la carrière du frère de Francis dont il sera également question au même titre que Lara Fabian, Bumblefoot et Marcel Dadi pour une interview aussi longue que riche d'informations....


Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée?


Jean-Félix Lalanne : C’est une très bonne question et il faut que j’y réfléchisse… Mais c’est amusant parce qu’il n’y en a aucune qui m’agace…


Tu n'as pas marre de vivre dans l’ombre parfois envahissante d’un point de vue médiatique de ton frère à savoir où lui fait tout feu, tu te fais super discret médiatiquement parlant: une sorte de yin & yang?

C’est amusant de constater à quel point je n’ai plus ce problème…


Je n’ai jamais été envieux d’une notoriété qui peut faire qu’à un moment donné, j’échappe à qui je suis



Plus, cela signifie que tu l’as eu…

Oui. Au tout début, quand j’ai démarré, j’avais le sentiment d’être le “frère de”. Mais à l’époque c’était justifié parce qu’il était médiatiquement très présent alors que je faisais des choses plus confidentielles de mon côté.

Honnêtement, ce qui m’embêtait le plus c’est de me sentir obligé d’être l’avocat de mon frère et de devoir justifier des choses qui ne sont pas forcément justifiables de mon point de vue. Du coup, par une espèce de contrat moral, je finissais par cautionner des choses que je cautionne pas ! Mais à un moment donné, quand tu entres dans la vie adulte, tu refuses cela et tu acceptes que ton frère soit différent de toi… Malgré tout, je n’ai aucun problème à ce qu’il soit comme il est, à partir du moment où je peux rester comme je suis. Une fratrie est à la base compliquée et en ajoutant les projecteurs, les envies, les egos de chacun sont encore plus révélés… 

En revanche, je n’ai jamais été envieux d’une notoriété qui peut faire qu’à un moment donné, j’échappe à qui je suis ou que je devienne le regard des autres. J’ai une notoriété qui est très agréable parce que les gens qui me connaissent, connaissent à travers mon travail et c’est le plus important finalement.





Penses-tu que ta carrière a souffert la comparaison ?

Oui ! A un moment donné, il y a eu une bascule que je n’ai pas cautionné. Francis a accompli une œuvre de grand talent, à une certaine époque, il était une référence incontournable, et les plus grands, que ce soit Higelin, Cabrel, Goldman, Bruel ... défilaient tous pour voir le phénomène qu’il était. Mais à un moment donné, il y a eu une bascule de perte de reconnaissance et il s’est mis devant son art : il a traversé le miroir ! Il a fait un choix, il a décidé d’aller provoquer les médias pour qu’ils parlent de lui et non plus de ce qu’il faisait. Il a fait ce choix qui ne sera jamais le mien !

De mon côté, j’ai une espèce d’instinct de conservation : je sais que ce métier est dangereux pour l’ego. Et pour garder les pieds sur terre, il faut impérativement garder ses repères. Et les miens, c’est mon œuvre ! Attention, j’adore la reconnaissance, je suis heureux d’être reconnu et qu’on me dise qu’on a écouté mon album…  en revanche, je me rends compte que je veux absolument être connu à travers ce que je fais! En gros, si je n’ai rien à promouvoir, je ne vais pas en télé ou radio qui n’est pas un but pour moi mais un moyen.


Si je te dis Bumblefoot, Christopher Cross, Paul Personne, Axel Bauer, Nono Krief et Jean-Felix Lalanne : quel est le point commun ?


Je dirais “Autour de la Guitare” (Sourire) !


Et bien non, ils ont été interviewé sur Music Waves…

Bravo, bien joué (Rires) !


Ton actu est justement cette nouvelle édition de “Autour de la Guitare” qui passe l’étape supérieure pour cette édition qui est caractérisée par une tournée du 09 octobre au 18 novembre: pourquoi cette envie de frapper un grand coup alors que la dernière édition de 2011 devait être la dernière?


Je ne souhaitais pas faire les adieux des Compagnons de la Chanson cette année mais j’étais persuadé que le spectacle de 2011 - qui va sortir en dvd prochainement - était le dernier qui pouvait exister sous cette forme. Cela faisait plus de 15 ans que je faisais ça, chaque année je trouvais de nouvelles idées mais je n’avais pas envie de faire le concert de trop. Bref, quand j’ai décidé d’arrêter, j’arrêtais et puis d’un coup, je me suis mis à regretter deux choses : de ne pas avoir eu la possibilité de décliner ce spectacle en tournée et de ne pas avoir réussi à avoir les guitaristes qui me font rêver… La force de “Autour de la Guitare” est une espèce de triangulaire qui fait que tout le monde est le public de tout le monde.

Il y a le public dans la salle mais il y a également le public sur scène : chacun est spectateur de ce que fait l’autre. J’avais très envie de trouver un moyen où on pouvait retrouver tous les guitaristes qui nous ont fait rêver et qui ont fait rêver des jeunes en ce moment : Paul Personne qui fait rêver des milliers de mômes qui jouent de la guitare quand il sera bouche bée devant Robben Ford et c’est ce qui est beau !





On a cité Bumblefoot, Christopher Cross, Paul Personne, Axel Bauer, Nono Krieff auxquels s’ajoutent Robben Ford, Larry Carlton, Johnny Clegg, Dan Ar Braz, Michael Jones: ne crains-tu pas la diversité de style entre un guitar hero metal d’un Bumblefoot au blues d’un Paul Personne à la pop californienne d’un Christopher Cross, bref que le public ne s’y retrouve pas?

Si je fais une analyse de spécialiste, je comprends ta question malgré tout, de tous les “Autour de la Guitare”,  je pense que cette affiche n’aura jamais été aussi homogène.
Il ne faut pas oublier que j’ai créé “Autour de la Guitare” il y a 15 ans à Paris, si bien que certaines personnes avaient réservé leur billet avant même de connaître l’affiche. Dans ces conditions, je m’amusais en créant des choses improbables.


Par ailleurs tu avoueras qu’on n’est pas aussi homogène qu’un “Autour de la Guitare celtique”?

Dans ce cas, effectivement, il y avait une vraie cohérence. Mais quand tu vois que lors d’un “Autour de la Guitare”,  je réunissais sur la même scène Mathieu Chedid, Lara Fabian, Catherine Lara, Sinclair et Moustaki : outre le fait que certains ne jouent pas de la guitare, on peut difficilement faire plus diversifié au regard des chapelles musicales différentes de chacun.


C’est exact mais dans le cas présent, tu déclines le concept d’un point international et uniquement centré sur les guitaristes…

Exactement ! Je voulais absolument pour cette première édition et je pense que je vais garder cela pour les autres puisque le but est d’en faire une par année.


En clair, tu es en train de nous dire que tu nous fait un G3 surboosté ?

C’est simple si cette tournée fonctionne -ce qui signifie que j’amortis au minimum mes coûts de prod qui sont très lourds- on pourra en faire une par année parce qu’on aura un historique et un bouche à oreille qui feront boule de neige.

Malgré tout et pour en revenir à ta question, si l’homogénéité signifie réunir Bumblefoot, Joe Satriani, Steve Vai et Patrick Rondat : c’est magnifique mais il n’y a aucune surprise! Certes, il faut qu’il y ait un minimum de points communs entre ces guitaristes électriques -qui est le premier point commun-, mais les faire se côtoyer va forcément créer une rencontre totalement identique qui à elle-même créée l’intérêt du spectacle !


Mais je persiste ne crains-tu pas que le public qui viendrait pour voir la pop californienne de Christopher Cross soit dérouté par le jeu démonstratif et barré d’un Bumblefoot ?

Non ! Et justement c’est tout l’intérêt de ces spectacles : déjà chaque musicien ne se retire pas en loge comme lors d’une émission télé lorsqu’il a fini de jouer, et chacun est leader très peu de temps c’est à dire 2 ou 3 morceaux !
L’avantage:  chacun va donner un résumé de ce qu’il est …


Les guitaristes ont un public de guitaristes, c’est quelque chose d’assez clivant que j’ai toujours voulu élargir en faisant en sorte que “Autour de la Guitare” soit un spectacle grand public


Si bien que si le public n’est pas adepte…

… ce n’est pas grave parce que ça ne dure pas longtemps.

Ce qui m’a toujours ennuyé, c’est que les guitaristes ont un public de guitaristes, c’est quelque chose d’assez clivant que j’ai toujours voulu élargir en faisant en sorte que “Autour de la Guitare” soit un spectacle grand public. Comme j’ai toujours eu un pied un peu partout la chanson, les musiques de film, la production, les arrangements … j’avais envie de marier tous les mondes que j’aime et l’idée de “Autour de la Guitare” est que chacun donne l’essentiel de ce qui il est, si bien que ceux qui sont guitaristes s’en nourrissent et pour ceux qui ne le sont pas, il y a un côté close-up, un côté magie où les gens se demandent comment on peut avoir des sons aussi différents avec un même instrument.

A l’arrivée, tu prends Larry Carlton et Bumblefoot: chacun va amener son public et tu auras également celui qui va venir pour voir les deux sur la même scène pour voir ce qu’il va se passer et je compte sur ce mariage!





Autre question qui nous intrigue : comment arrives-tu à réunir une telle affiche ?

A chaque fois que je me pose cette question, je me demande comment j’ai pu faire (Sourire) ! C’est la passion !

Et que ce soit les journalistes, sur les réseaux sociaux, même les promoteurs locaux, la question qui revient est de savoir si tous ces musiciens seront présents à chaque date parce qu’ils n’y croient pas. Je suis obligé de préciser que TOUS les guitaristes sur l’affiche feront toutes les dates, nous allons tourner dans un bus de ville en ville à l’ancienne…


Ca va te rajeunir…

C’est clair et tu imagines les guitares dans le bus …


Comptes-tu immortaliser ces moment particuliers ?

Je compte amener Bernard (NdStruck : qui filmait une partie de cette interview) sur certaines dates pour prendre des images, sinon je vais le regretter toute ma vie.
Je suis très content d’être parvenu à ce que tous ces guitaristes soient disponibles avec nous, éloignés de leur famille pendant plus d’un mois et qu’ils acceptent d’être un élément du spectacle dont la seule star de cette tournée soit la guitare alors que ce sont tous de grands artistes.


Les gens qui m’aiment bien diront que je suis éclectique, ceux qui m’aiment moins diront que je suis dispersé mais je ne peux pas faire autrement



Tu as dit avoir le pied un peu partout. Justement cette diversité n’est-elle pas le résumé de ta carrière qui a commencé avec la figure emblématique du picking Marcel Dadi, des albums écrits pour Chimene Badi, Lara Fabian, Amaury Vassili, la composition de symphonie “La Symphonie Romantique” et “La Symphonie Astrale” jouées sur scène avec des orchestres philarmoniques, le “Une Voix, une Guitare” avec des artistes comme Michel Jonasz, Bénabar, Serge Lama, Hélène Segara, Hugues Aufray, Jamait, Agnès Jaoui ?

Les gens qui m’aiment bien diront que je suis éclectique, ceux qui m’aiment moins diront que je suis dispersé mais je ne peux pas faire autrement. Je n’ai jamais eu de plan de carrière, Je sais optimiser le temps, je suis extrêmement organisé dans mon travail…


Je ne comprenais pas qu’on ne comprenne pas que je puisse faire un duo avec John McLaughlin et me retrouver ensuite à faire un duo guitare/ voix avec Lara Fabian sur le plateau de la Star Academy


Et il le faut pour organiser une telle tournée…

Tout à fait ! Je suis très rigoureux à ces sujets mais je suis parfaitement incapable de dire que je vais faire telle chose pour arriver à tel résultat. Je pense que ça doit être lié au fait que je n’ai pas eu d’adolescence - enfant, j’ai été très vite propulsé dans un monde d’adulte -, et j’ai toujours eu peur d’avoir l’impression de faire un métier.

Pour rester dans l’imagerie que j’avais enfant de la musique où justement il n’y avait pas d’enjeu, pas de calcul, pas de plan… j’ai besoin de me mettre en situation où je ne vais pas m’endormir !

Par ailleurs, j’aime tout : j’adore la chanson, j’adore l’écriture symphonique, j’adore faire de la musique de film, j’adore faire des arrangements… bien évidemment, j’adore la guitare, j’adore jouer… Et au début, je ne comprenais pas qu’on ne comprenne pas que je puisse faire un duo avec John McLaughlin et me retrouver ensuite à faire un duo guitare/ voix avec Lara Fabian sur le plateau de la Star Academy…





Ne penses-tu pas que cette riche diversité nuise à ton image qu’on arrive pas à situer dans une société notamment française où on aime mettre des étiquettes ?

Bien sûr !


Et c’est finalement le seul risque qu’on pourrait faire à cette nouvelle édition de “Autour de la Guitare”?

Mais j’ai l’espoir que les gens au moment de regarder l’affiche se disent qu’ils vont vraiment écouter de la guitare et qu’ils n’aient pas ce regard personnalisé sur tel ou tel artiste. J’ai réussi à faire cela à Paris avec une programmation beaucoup plus extrême et les gens adhéraient à ça : quand Mathieu Chedid fait un blues avec Moustaki, les gens ne sont même plus en train de penser si ils aiment Moustaki ou Mathieu Chedid, ils sont juste interloqués et à partir de là, c’est gagné.
En revanche, dans le cas de cette édition, je pense avoir fait une programmation hétérogène mais pas éclatée, avec suffisamment de points communs entre Larry Carlton, Robben Ford, Paul Personne, Axel Bauer… on va dire que seul Ron est une météorite dans cette programmation…


Ajouté à ce qu'on connaît de toi, tu es à la base de la création de l’application pour tablette intitulée lalanneguitar, qui reprend des vidéos de tes concerts, propose des cours de guitare allant du débutant à l'expert sous forme de tutoriels et l’ouverture d’ateliers de guitare au Théâtre St Martin, te verrais-tu plus comme un passage de témoin qu’un musicien traditionnel qui sort des albums ?

C’est très étrange parce que jusqu’à l’âge de 30 ans, non seulement je ne m’intéressais pas à la pédagogie mais je considère que j’étais un très mauvais pédagogue : je ne comprenais pas qu’on ne comprenne pas et à partir de là, c’est difficile d’être un bon pédagogue (Sourire)! De plus, j’étais dans une espèce de tourbillon de carrière : comme aujourd’hui, je faisais énormément de choses mais avec la fougue de la jeunesse…
Depuis, je m’intéresse énormément à la pédagogie. Je considère que être arrivé à 50 ans, avoir eu la carrière que j’ai eu et que je continue à avoir, la transmission est la moindre des choses pour “rembourser” ce qu’on t’a donné. En plus, c’est le meilleur moment parce qu’on arrive à maturation. Et enfin, il y a une sorte d’effet miroir très intéressant : on apprend de ce qu’on enseigne parce que forcément les gens qui te posent des questions t’obligent à trouver la réponse mais parfois la réponse te fait comprendre à toi-même quelque chose que tu n’avais pas compris auparavant (sourire) !

J’ai dû arrêter les ateliers par manqué de temps mais j’étais allé très loin c’est à dire que je mélangeais tous les niveaux. Je ne considérais pas ces ateliers comme une école de guitare mais plutôt comme une troupe si bien que tous les trois mois au théâtre St Martin, il y avait un concert des élèves à qui je donnais des cours mais dans ce concert jouaient ensemble des élèves qui jouaient super bien et d’autres qui n’avaient jamais touché une guitare de leur vie. On parlait de cohérence : pour le coup, il n’y en avait aucune, juste du plaisir!


Je pense qu’à cette époque, la logistique et les pré-réservations de Autour de la Guitare te prennent tout ton temps mais penses-tu déjà à un futur album ou déjà un “Autour de la Guitare” vu le succès des pré-réservations de cette édition?

Bien évidemment, la tournée me prend énormément de temps… Cette tournée est pour moi un palier à tous les niveaux.  Pour être honnête, professionnel, parce que c’est un challenge, l’ambition que je mets dans cette tournée fait que si je réussis me fera franchir une étape dans ma carrière.


Et on boucle avec le début de l’interview où on parlait de la comparaison avec ton frère, si cette tournée est un succès, ta popularité franchira un cap…

Et je le prends avec grand plaisir. Je pourrais dire que modestement, au regard de tous les efforts, les risques pris, j’aurais mérité de me retrouver dans un autre cercle.





Justement vu la crise économique qui touché plus particulièrement l’industrie du disque et du divertissement, un tel risque n’est pas fou ?


Bien sûr ! C’est la raison pour laquelle j’ai parfois dû mal à trouver le sommeil.


"Autour de la Guitare" est un risque à tous les niveaux mais ça vaut le coup parce qu’il n’y a pas de grande réussite sans prise de risque et c’est suffisamment singulier comme spectacle pour que les gens qui aiment la guitare ne puissent pas se dire qu’il ne faut pas rater un tel évènement !



En clair, te mets-tu en danger financièrement ?

Bien sûr, c’est un risque à tous les niveaux mais ça vaut le coup parce qu’il n’y a pas de grande réussite sans prise de risque et c’est suffisamment singulier comme spectacle pour que les gens qui aiment la guitare ne puissent pas se dire qu’il ne faut pas rater un tel évènement !

Je suis convaincu que cette édition sera un succès, et dans ces conditions, projetons-nous : quelle est l’invité rêvé pour la prochaine ?

Les invités rêvés ? J’en ai plein en tête : ça va de James Taylor à Jeff Beck et si ce dernier vient, il y a des chances qu’Eric Clapton soit présent, Paul McCartney, Sting…


Oui mais là, ton budget explose…

Au contraire, avec des artistes tellement inaccessibles, cela peut devenir gratuit pour une date (Rires) car pour une tournée, c’est impossible… Il faut être lucide : aujourd’hui, aucun artiste qui pourrait remplir un Zenith à lui seul n'accepterait de faire cette tournée, en revanche, venir faire un bœuf pour une date parce qu’il y a tel ou tel artiste…

Mais pour revenir à ta question de base, l’ambition est de préparer 2016 dans la foulée, l’idée est que quand la tournée aura commencé, on saura si c’est un succès ou non, et dans le cas positif, donner rendez-vous au public l’année d’après en annonçant quelques guitaristes qui viendront faire la tournée suivante.


Sinon d’autres projets ?

J’ai un album solo que je prépare. Comme j’ai un studio chez moi, j’enregistre aussitôt que j’écris …


Un album dans quelle veine ?

Il va s’appeler “Groovy & Fast”.


Et bien on a l’explication de la présence de Ron Thal ?

(Rires) Non, ce sera un album plutôt acoustique, plutôt groovy, blues, funk voire country… moins romantique que ce que j’ai pu faire jusque là.
Et puis, j’ai un autre projet que je suis en train de mener et qui me tiens vraiment à cœur et qui fait écho à une demande récurrente, à savoir qu’en 2016 sera la date anniversaire de la disparition de Marcel Dadi et du coup, je vais faire une tournée d’hommage : je vais jouer ces morceaux non pas à ma manière mais à la sienne c’est à dire que je vais les jouer comme quand je les jouais quand j’avais 15 ans… En fait, je vais raconter la carrière de Marcel à travers les morceaux choisis et notre histoire à tous les deux : comme je l’ai connu gamin, je vais raconter mon histoire avec lui et du coup, raconter sa carrière à travers ces morceaux. Je serai seul sur scène pour un spectacle entre théâtre et concert.


Quel est ton meilleur souvenir d’artiste?

J’en ai énormément à commencer par un bœuf avec Stevie Wonder à Los Angeles, mais également la première où j’ai joué sur scène avec Marcel, j’avais 14 ans…
Ma rencontre avec Chet Atkins qui mérite que je raconte une anecdote. Nous étions très proches, j’étais à l’hôtel à Nashville, il me demande ce que je fais le lendemain, je n’avais rien de prévu et il me dit qu’il a une télé et qu’il passe me prendre. Et vu qu’il y aura du temps à perdre, il me demande de prendre ma guitare pour qu’on joue tous les deux. Arrive le lendemain, on se place une pièce et il me dit de m’accorder mais qu’il doit s’absenter un moment… et à ce moment, il y a une espèce de mur qui s’ouvre devant le plateau d’une émission en direct de « Crook and Chase”… je vois un mec avec un jack qui me branche et j’entends Chet qui présente élogieusement et dit qu’on voit pour m’écouter… Du coup, je mets à jouer en direct devant des millions de téléspectateurs. En sortant, je sors en disant à Chet s'il se rendait compte de ce qu’il m’avait fait et en réponse, il me dit “You’re welcome” (Sourire)… Il voulait que je fasse cette émission et si il me l’avait dit, il était convaincu que j’aurais été super nerveux et j’aurais moins bien joué. Dans le cas présent, il m’a épargné toute la peur qui m’aurait paralysée (Rires) !


Tu évoques Chet Atkins, cela veut dire qu’on peut espérer voir Mark Knopfler au prochain “Autour de la Guitare” ?

J’ai fait des guitares dans l’album “Neck & Neck” dans les studios de Chet et quand je suis arrivé, il m’a dit que c’était con,  Mark venait de partir le matin même…
Dommage, j’aurais pu lui rappeler ça pour le faire venir… mais tout est possible (Sourire) !


Au contraire le pire?


Le pire ? C’est la rencontre avec un guitariste mais je ne vais pas dire son nom parce que ce n’est pas flatteur. C’est un très bon guitariste américain mais le type de ceux opportunistes et carriéristes qui veulent absolument qu’on dise du bien d’eux!
Le truc incroyable est que je me retrouve à faire un bœuf avec Doc Watson, Muriel Anderson et ce guitariste. A la fin de mon solo, Doc Watson vient à dire “super solo” et ce guitariste répond tout naturellement “merci Doc!”. J’ai halluciné, j’ai posé ma guitare et ai arrêté de jouer…





On a commencé cette interview par la question qu’on t’a trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que tu souhaiterais que je te pose?


Oh la la, tu as vraiment de bonnes questions… Ecoute, je dirais “Si tu n’étais pas un artiste musicien, quel autre métier artistique aimerais-tu faire?”


Et alors ?

(Rires) En plus, je me créé mes propres enchaînements… C’est la comédie !


Je ne peux plus envisager de préparer un concert sans que ce soit un spectacle c’est à dire que je ne veux pas rentrer moi-même dans quelque chose dans lequel je serais trop confortable, je veux toujours toucher un maximum de gens


Ce que tu évoquais dans le cadre de l’hommage à Marcel Dadi…


Oui mais si tu regardes sur Youtube, j’ai déjà franchi le cap en jouant dans un premier spectacle qui s’appelle “Double Je” dans lequel j’avais comme partenaire un enfant en hologramme.
Et très récemment, j’ai écrit une pièce de théâtre que j’ai créée et jouée à Nice, qui s’appelle “En voix de guérison” que je vais sûrement jouer à nouveau à droite, à gauche.
Et là, ça peut paraître totalement absurde mais on m’a proposé de jouer un film en août…
Ajoute à cela, le spectacle avec Marcel est dans la continuation d’une chose qui est évidente pour moi depuis longtemps, à savoir que je ne peux plus envisager de préparer un concert sans que ce soit un spectacle c’est à dire que je ne veux pas rentrer moi-même dans quelque chose dans lequel je serais trop confortable, je veux toujours toucher un maximum de gens.





Et concernant la proposition du film qui se tourne en août, tu acceptes ?

Oui


Et avec tout ça quand dors-tu ?

(Rires) C’est un peu le problème, je ne dors pas beaucoup, je suis un hyperactif et mon amoureuse me le rappelle très souvent…


Et avec tout ce programme, je peux me lancer dans la question qui boucle avec le début de cette interview “Qu’est-ce que ça te fait d’être plus célèbre que ton frère ?”

Ecoute, beaucoup de gens me disent que j’ai dépassé mon frère en notoriété - ce que je ne crois pas - mais ça dépend surtout de où on met le curseur de la célébrité à savoir qu’il y a une bonne et une mauvaise célébrité. D’ailleurs, il y a de plus en plus d’artistes - je ne dis pas que Francis en fait partie -  qui sont des coquilles vides, c’est-à-dire qu’on les connaît mais on ne sait pas ou plus ce qu’ils font…


C’est d’ailleurs la mode issue de la télé réalité…

Tout à fait ! Ce sont les conséquences de la télé-réalité sur des artistes qui ont une œuvre, et c’est terrible, parce que d’un coup, tu n’as plus que les inconvénients de la notoriété parce que tu es interpellé sans cesse, tu n’es pas tranquille mais … pour rien parce que tu ne vends pas de disque et tu ne remplis pas les salles.
De mon côté, je suis très bien ainsi et si jamais j’accède à une notoriété plus importante à travers des projets que je réalise et qui sont de plus en plus ambitieux et bien tant pis, je suis mon parcours…





C’est tout le mal qu’on te souhaite, merci beaucoup…


C’était avec un grand plaisir.


Plus d'informations sur http://www.jeanfelixlalanne.com/
 
(2) COMMENTAIRE(S)  
 
 
ADRIANSTORK
17/10/2016
  0
Excellent interview!
NUNO777
22/05/2015
  0
Une interview comme je les aime : un invité passionné et répondant sincèrement à des questions intéressantes...le tout tournant autour de la guitare :)
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