Un peu plus d'un an après notre première interview, Music Waves est revenu à la charge pour faire un point exhaustif de l'année écoulée et de l'avenir du groupe... à travers une interview en toute décontraction arrivant à arracher des rires au chef de meute Julien Sournac...
Quand Phenomena t’a interviewé, tu n’en étais qu’à ta deuxième interview, le temps a passé depuis, les interviews se sont enchaînées, quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée ?
Julien Sournac : (Rires) Il y a une question qu’on nous a trop souvent posée ?
Alexandre Aguilera : Non ou du moins, elle n’a jamais été formulée de la même manière (Sourire)…
A l’époque, tu étais un artiste autoproduit, sans réel moyen de promotion … Aujourd’hui, tu fais cette journée promotionnelle sur Paris, comment expliques-tu cela ?
Julien : En fait, c’est une connaissance qui nous a conseillé de travailler avec Replica qui est une structure fiable. Travailler avec eux, nous a permis de développer notre projet…
Alexandre : … notamment au niveau de la diffusion du son.
Julien : Et il nous a également aidé pour que nous soyons programmés en première partie de Fish ou Arena dans deux jours.
Dans ces conditions, peux-tu dire que la vie médiatique de "Sleepwalker" commence réellement aujourd’hui contrairement à la sortie initiale…
Julien : … qui n’était pas réellement une sortie !
Alexandre : C’était surtout une sortie pour nous afin de lancer le live derrière et pour que le public puisse écouter les chansons avant de venir nous voir sur scène. C’était une sortie en autoproduction sur Bandcamp, sans réelle diffusion publicitaire… Nous n’avons pas réellement cherché à ramener du monde sur ce projet.
Justement concrètement, comment se passe la promotion de votre album ?
Julien : Bien, cela nous a permis d’envoyer l’album à différents médias que nous ne connaissions pas.
Alexandre : Les nombreux retours qui en ont découlé nous ont permis d’avoir une autre portée en termes de visibilité.
Comment sont les retours suite aux prestations live ?
Julien : Nous n’avons pas beaucoup d’expérience live finalement. Je dirais que nous sommes encore un groupe en développement, qui apprend tous les jours. Nous sommes également accompagnés par le Centre Musical Fleury Goutte d’Or - Barbara de Paris qui nous aide à être plus professionnels dans l’approche de la scène.
Malgré tout, nous avons plutôt eu de bons retours sur notre prestation lors de notre première partie du concert de Fish ce qui est d’autant plus appréciable que notre musique est quand même assez différente de celle de Fish finalement.
Wolve est très progressif dans le format des morceaux mais notre racine est fondamentalement rock !
Comment expliques-tu qu’un groupe de rock alternatif avec des touches progressives ait été choisi pour assurer la première partie de Fish alors que comme tu le regrettais, plein de groupes s’auto-proclament prog sans vraiment l’être ?
Julien : Je pense que Wolve est très progressif dans le format des morceaux mais notre racine est fondamentalement rock !
Je sais que Replica a échangé sur le sujet avec l’équipe de Fish et c’est Fish qui a souhaité jeter une oreille pour donner son aval.
Et comment se vit un adoubement par Fish ?
Julien : On ne l’a pas vraiment vu mais ça fait extrêmement plaisir, je le vis un peu comme un honneur parce que c’est un sacré bonhomme !
La date de Fish a été annulée puis finalement le concert a eu lieu plus tard, comment as-tu vécu ces moments ?
Alexandre : Déprimant !
Julien : Emotionnellement, on a vécu le chaud et le froid. Je me souviens d’avoir appris l’annulation au téléphone par notre bassiste et je sortais de chez le luthier pour régler les guitares… C’était un peu bizarre ! Mais on a rapidement su que cela allait être reporté, il fallait juste patienter et cela nous a peut-être permis de nous préparer un peu mieux.
Est-ce que ce type d’anecdote qui montre l’incertitude de ce « métier » n’est pas le lot de groupes comme Wolve ?
Julien : Mon père me disait toujours : "Ce qui est sûr dans la vie, c’est qu’on est jamais sûr de rien !" (Sourire). Aujourd’hui, on ne sait pas de quoi sera fait demain…
En revanche, avoir joué en première partie de Fish et d’Arena demain, ont dû vous donner des certitudes depuis notre première rencontre ?
Julien : C’est clair qu’on a le sentiment d’être sur le bon chemin. Et ce que je retiens, c’est que toutes ces expériences se sont faites sainement, sans que cela soit trop angoissant : on essaie juste de se faire plaisir un maximum !
Prochaine date après-demain au Divan du Monde : quelles sont vos attentes ?
Alexandre : Je ne sais pas si on peut vraiment parler d’attentes mais il y a une grosse partie qui dépend de nous à savoir qu’on espère fournir le meilleur de nous-mêmes. Une telle date nous permet de constater ce qui est bon et ce qui ne l’est pas.
Finalement, on n’a peu de dates actives en live et il y a sûrement des réarrangements à effectuer. Par exemple, lors du concert du Ninkasi à Lyon, en première partie, on avait remarqué qu’il y avait des parties à revoir…
Bref, toutes ces expériences sont très enrichissantes et vont nous permettre d’évoluer et de grandir au fur et à mesure en tant que musiciens mais aussi en tant que groupe.
Le public progressif est exigeant. Mais d’un certain côté, c’est une
bonne chose parce que cela nous incite à être plus exigeants avec
nous-mêmes [...] nous
recherchons une sorte de perfection dans l’interprétation et ce public
est un moteur.
Vous êtes un groupe très prometteur comme en témoignent vos quelques expériences scéniques qui vous ont permis d’assurer les premières parties de Fish ou Arena. Avez-vous eu des appréhensions avant de vous frotter aux publics difficiles de ces têtes de gondoles du progressif ?
Julien : C’est une sacrée pression et j’ai le souvenir d’avoir été un peu liquide avant de monter sur la scène du Ninkasi. On se rend compte qu’on n’a pas l’habitude de ce genre d’exercice et d’être face à 300 personnes, jusqu’alors, on n’avait joué qu’à l’OPA Bastille qui est une scène un peu punk l’année dernière.
Ce n’est pas facile et je sais que le public progressif est exigeant. Mais d’un certain côté, c’est une bonne chose parce que cela nous incite à être plus exigeants avec nous-mêmes. Même si nous ne l’avons pas encore atteinte, nous recherchons une sorte de perfection dans l’interprétation et ce public est un moteur.
Et si vous deviez citer une différence entre ces expériences ?
Alexandre : Je dirais la transition d’un café/concert dans une petite salle à une salle de concert. Tu changes d’ambiance rien qu’au niveau de la régie… Les gens qui t’entourent et t’encadrent sont totalement différents : tu rentres dans un autre univers. D’ailleurs, toutes ces personnes ont été bienveillantes avec nous et ça nous a très agréablement surpris : nous étions sous pression et ils ont tout fait pour qu’on soit le plus à l’aise possible.
Concrètement, j’imagine que le festival qu’on a fait en Belgique - Prog Resiste - découle un peu de ce qu’on a pu faire au Ninkasi et de jouer avec Fish…
Et concrètement, quelles certitudes avez-vous acquises pour le concert d’après-demain avec Arena ? Julien sera moins liquide ?
Julien : (Rires) Je serai moins liquide ! Mais je suis toujours stressé même si je le suis moins parce que je suis plus sûr de moi. Mais je sais qu’il y a eu quelques coquilles au Ninkasi qui ont entraîné un moment de flottement…
Mais l’amateur de prog en grand connaisseur qu’il est a dû y voir un côté dissonant enthousiasmant ?
Julien : Oui parce que c’est exactement ce qu’on nous a dit (Rires) ! On est super exigeant vis à vis de nous-mêmes et les gens ne se sont pas rendu compte que nous étions insatisfaits d’un passage.
Malgré tout, je pars du principe que quand on fait ce genre d’erreur, on ne la reproduit pas…
Tu disais ne pas être en recherche de label : est-ce que cela a changé depuis ce qui justifie cette journée promo ? As-tu démarché des maisons de disque spécialisées Prog ?
Julien : Nous ne sommes pas plus en recherche de label que ça. Notre finalité, la philosophie du groupe a toujours été de jouer sur scène dans un premier temps et on verra après.
Du coup, même si nous ne savons pas trop vers qui nous diriger, on pourrait commencer à envisager à démarcher des labels par la suite mais aujourd’hui, nous n’avons toujours pas commencé à faire cette démarche.
Alexandre : Replica nous a donné quelques contacts… Mais pour l’instant, nous ne nous sommes pas attaqué à ce chantier.
Après un changement de batteur, c’est le bassiste qui part, pourquoi ?
Julien : Oui, nous en sommes d’ailleurs à quatre changements de batteur (Rires) !
Y-a-t-il un problème avec la section rythmique ?
Julien : (Rires) Non ! Nous sommes toujours super potes avec le bassiste et nous continuons à boire des coups ensemble. C’est un gars en or mais il est plus âgé que nous et à un moment, sa vie ne lui permettait plus de faire 5 heures de route pour faire un concert, même si il a adoré jouer au Nikasi.
Il en était à un moment de sa vie où il a souhaité se poser mais il sera là au Divan du Monde pour nous voir jouer.
Alexandre : C’est vrai qu’il y avait un contraste entre sa vie personnelle et le groupe qui commençait à se développer. Du coup, nous avions besoin de plus répéter et de travailler et à un moment donné, les emplois du temps n’étaient plus conciliables.
Est-ce que le line- up va devenir stable ou définitivement comme le nom du groupe l’indique Wolve a vocation de rester un groupe avec un chef de meute et des membres qui se succèdent ?
Julien : J’aimerais beaucoup arriver à une sorte de stabilité mais on ne sait jamais trop ce qu’il peut se passer. L’histoire des groupes est faite de départs et parfois même de retours.
Aujourd’hui, notre batteur est super jeune -il est en 1ère- on a 10 ans d’écart mais tout se passe super bien. On a bien l’intention qu’il reste le plus longtemps possible… Notre bassiste est sur la tournée d’Alexandre Astier -il a un emploi du temps chargé- mais notre musique le motive vraiment… Du coup, pour l’instant, le line-up est stable, seul l’avenir dira si il va durer…
Tu évoques une stabilité ; est-ce que cela t’incite à composer pour un prochain album ?
Julien : Oui ! Je ne sais pas si on peut parler d’album mais un morceau est en train d’émerger et d’ailleurs, on le jouera dans une forme embryonnaire et instrumentale pour l’instant au festival en Belgique.
Tu disais ne pas savoir si tu pouvais parler d’album : est-ce à dire que vous pensez au format EP qui vous permettrait d’avoir des actualités plus régulières ?
Julien : Ma théorie est qu’il vaut mieux sortir des EPs plus souvent que des albums.
C’est amusant parce que nous en parlions entre nous et que je suis très attaché au format album de part ma culture… Je vais te livrer une exclusivité mais nous étions partis pour sortir un EP et un deuxième album ensuite.
Tu disais ne pas vouloir aller plus loin dans l’approfondissement de thèmes privés comme la mort sur cet album ? Pourquoi ? Ne penses-tu pas que tu te fermes des portes car en creusant plus encore, ta musique serait encore plus sincère et touchante ?
Julien : Je ne me souviens pas avoir dit ça !
C’est le début de la célébrité quand tes propos sont déformés…
Julien : (Rires) Je pense avoir beaucoup travaillé sur "Sleepwalker" et je peux dire aujourd’hui que je ne peux plus l’écouter… J’ai peut-être besoin de m’émanciper de cela pour peut-être ainsi mieux revenir sur un éventuel sujet mais si je suis inspiré, je ne suis pas fermé à approfondir certains sujets !
C’est amusant de t’entendre dire que tu ne peux écouter un album dont tu fais la promotion aujourd’hui. N’est-ce pas contradictoire ?
Julien : Mon parrain qui est metteur en scène réagit de la même façon à savoir qu’il passe énormément de temps à faire ces films et une fois qu’ils sortent, il ne peut plus le voir parce qu’il les connaît par cœur dans les moindres recoins et certaines choses auraient pu être faites différemment…
Je suis fier et j’ai l’impression d’avoir tellement travaillé sur cet album que je n’aurais rien eu à dire de plus.
A ce propos, y-a-t-il certaines choses dont tu es insatisfait et que tu souhaiterais changer dans "Sleepwalker" ?
Julien : Non pas tant que ça ! Au contraire, je suis super fier du travail qu’on a pu faire avec Brice le co-producteur. Je suis fier et j’ai l’impression d’avoir tellement travaillé sur cet album que je n’aurais rien eu à dire de plus.

On a beaucoup parlé de prog alors que tu te définis comme un groupe de rock alternatif. Malgré tout comment réagis-tu en lisant les propos de la chronique de Music Waves qui cite "Anathema, Porcupine Tree, Coheed and Cambria sont autant de groupes auxquels cette musique fera irrémédiablement penser, ce qui souligne d'autant la qualité de ce premier opus" ?
Julien : Je suis super flatté !
Alexandre : Ce sont de sacrées pointures !
Julien : Et pour avoir vu Porcupine Tree à l’Olympia, je peux dire qu’on n’est pas à ce niveau : mais c’est flatteur !
Elle dit également que "Wolve est une sorte de Donald Fagen du rock alternatif", quelle comparaison te sied le plus ?
Julien : (Rires) La comparaison avec Donald Fagen me fait beaucoup rire parce que c’est une personne très perfectionniste et je sais que je peux aller très loin dans ce côté aussi : je peux me prendre la tête pendant deux mois sur deux mesures !
Et c’est amusant parce que nous avons beaucoup écouté de Steely Dan avec Brice pendant que nous enregistrions cet album…
Phenomena me fait te demander si ce sera pour dans 8 ans ?
Julien : (Rires) Je pense qu’il fait référence au deuxième album et non, je ne pense pas...
Vous évoquiez la possibilité de faire un clip pour promouvoir cet album : où en es-tu ?
Julien : Un clip est en cours d’élaboration sur le morceau le plus "clipable" et donc le moins prog c’est à dire 'Sleepwalker' : ça devrait peut-être se faire courant du mois de mai. Je ne serai pas dedans, les membres du groupe non plus, ça sera plus narratif… Nous aurions vraiment aimé avoir les moyens de cliper un des titres longs et de nous faire plaisir autour mais c’est énormément de travail or pour le moment, nous sommes en développement et on ne peut pas se permettre de le faire.
J’ai mis cet aspect créatif d’écriture pur de côté mais je sais
qu’il revient beaucoup en ce moment et cet été, j’ai des pistes de
travail et je vais donc beaucoup écrire pendant cette période.
On a évoqué la date avec Arena, le clip, le morceau du prochain EP… quelle est la prochaine étape ?
Julien : Nous n’avons rien de prévu cet été. En théorie, notre prochaine date après la Belgique est prévue en octobre au Covent Garden Studios d’Eragny sur Orge.
Après l’aboutissement du premier album, j’ai eu du mal à me remettre dedans et à réécrire des choses, j’étais plus dans l’optique de monter un groupe et de jouer ces morceaux et les maîtriser parfaitement pour donner une interprétation fidèle sur scène au public. J’ai donc mis cet aspect créatif d’écriture pur de côté mais je sais qu’il revient beaucoup en ce moment et cet été, j’ai des pistes de travail et je vais donc beaucoup écrire pendant cette période.
Est-ce que ce travail sera partagé ? Est-ce que l’écriture sera plus participative ?
Julien : Oui, je sais que j’ai envie de m’émanciper et l’exercice sera plus participatif !
Alexandre : Clairement !
Peut-on espérer des parties plus metal ?
Alexandre : Julien amène quand même les grandes lignes directrices, on rajoute notre patte dessus et on voit si ça passe ou pas (Sourire) !
Il y a des compromis : nous n’en sommes pas rendus à la situation d’un Metallica dans "Some Kind of Monster" ?
Julien : On est très loin de la thérapie de groupe pour le moment (Rires) !
Justement Alexandre, as-tu vu ta situation dans le groupe évoluée avec le temps ?
Alexandre : Oui, l’évolution est fonction de l’investissement qu’on peut y mettre. Julien n’est pas un incroyable tyran qui nous fouette en répétition : nous n’en sommes pas là !
Mais parfois, ça ne fait pas de mal…
Alexandre : (Rires) !
Julien : Oui, parfois, il faut bien (Sourire) !
Alexandre : Quand j’ai intégré le projet, Julien m’a rapidement laissé une certaine liberté facilitant ainsi mon intégration.
Julien : Je recherche des musiciens avec lesquels je pouvais avoir une certaine complicité : c’est vraiment important et c’est la raison pour laquelle il y a eu quatre batteurs avant Simon (NStruck : Lemonnier)… Si je ne me vois pas partir 48 heures avec quelqu’un, je ne vais pas plus loin.
Et avant de se quitter, quand nous donnons-nous rendez-vous pour la promotion du nouvel EP pas dans 8 ans si j’ai compris ?
Julien : Non ! Mais aujourd’hui, nous avons surtout envie de faire du live. Nous avons envie d’écrire des morceaux et de le faire de façon différente c’est à dire pas tout seul dans un cocon comme j’ai pu le faire avant, composer des morceaux et les tester directement sur scène et voir les retours.
Bref, vous êtes motivés : j’ai l’impression qu’on va vous revoir très vite…
Julien : très vite, je ne sais pas mais ça ne sera pas dans 8 ans…
Alexandre : … ça ne sera pas dans 2 mois non plus…
Dans 2 ans ?
Julien : 2017 est une bonne deadline !
Alexandre : Tu as réussi à avoir ta date (Rires) mais maintenant, on a la pression pour la respecter…
Julien : On privilégie vraiment la qualité et on prendra le temps pour que le prochain album respecte ça…
Alexandre : Comme Julien l’a dit, on a fait très peu de scène avec "Sleepwalker". Je pense qu’il n’a donc pas fini d’être joué…
Julien : Clairement, je n’en ai pas fini avec "Sleepwalker". Pour aller au bout de ce que je voulais faire, je pense que ça se fera sur plusieurs cycles.
Merci beaucoup…
Merci à toi !
Et merci à Phenomena pour sa contribution...