Cinq ans séparent Raise the veil de son prédécesseur, Dity Little Sister. Pourquoi ce silence ? Qu'avez-vous fait pendant ces années ?
Tout d’abord nous tournons beaucoup pour promouvoir nos albums. Comme nous avons tous un métier, nos concerts sont souvent organisés autour des weekends (pendant notre temps libre). Nous faisons plus de soixante dates par album, cela s’étale donc facilement sur deux ans. Ensuite, il faut remettre en route le processus de composition. Nous sommes très exigeants quant à nos morceaux, nous voulons que chaque titre qui figurera sur l’album ait sa place. Nous ne voulons pas d’un album avec deux ou trois titres phares et les autres composés à la va-vite. Tous nos titres comptent, nous prenons donc le temps de composer afin d’offrir un album cohérent et de qualité, voilà pourquoi nous avons mis autant de temps à sortir Raise the veil.
On vous présente comme un groupe de stoner. Etes-vous d'accord avec cette définition ? Certains citent aussi le Grunge, mais ne faites-vous pas du Rock tout court ?
Personnellement j’aime des groupes punk, rock’n’roll, hard rock, grunge, new wave, metal, indus, stoner, blues… Dans la musique de ZOE il y a un peu toutes ces influences. Mais si l’on doit vraiment définir notre musique, c’est un mélange de rock’n’roll, hard rock, stoner avec un soupçon de punk et de grunge, nous aimons dire que nous faisons du « high energy stoner rock ». Les personnes qui écoutent ZOE ont du mal à définir notre style, ça fait penser à une multitude de groupes mais il est impossible d’en citer un ou deux pour résumer notre musique. Dans ce sens, oui nous faisons du rock !
On retrouve des touches sudistes sur Raise The Veil et sur 'Eternal Boy' notamment. Est-ce une influence que vous revendiquez ?
Tout à fait, c’est une influence de plus que nous revendiquons. J’aime des groupes comme, Molly Hatchet, Lynyrd Skynyrd, ZZ top, Blackfoot…
Que signifie le nom du groupe ?
Rien en particulier, cela remonte à l’origine du groupe (1997) nous cherchions à l’époque un nom court pour qu’on puisse le voir de loin sur les affiches. J’avais remarqué cela avec un groupe du nord qui n’existe plus aujourd’hui « BLY ». Quand il partageait l’affiche avec un autre groupe on ne voyait que son nom sur cette affiche, on a voulu faire la même chose.
Le groupe existe depuis une bonne quinzaine d'années. Quels sont vos meilleurs souvenirs et les pires ?
J’ai plein de bons souvenirs, j’en cite deux. Le 1er est en 2006 lors du festival en Belgique le « Schwung festival », nous partagions l’affiche avec Alice Cooper, Ted Nugent, Status Quo et Dio (un mec adorable, paix à son âme). Quand ta loge est située juste à côté de Ted Nugent et que tu te retrouves au catering avec Dio, ça ne peut être qu’un très bon souvenir ! Le 2éme c’est notre participation au Hellfest 2011. Pour les mauvais, je n’en ai pas vraiment, car les galères se transforment souvent en partie de rigolade. Sur la route, ça se passe souvent très bien. Les galères, on les racontera peut être un jour… Peut être dans un ouvrage qu’on écrira, quand on sera vieux, pour faire marrer ceux qui voudront bien les lire (Rires).
Quel regard portez-vous sur l'évolution du Rock depuis vos débuts et de l'industrie discographique ? Que pensez-vous de la scène rock et stoner française ?
Je trouve que l’évolution du rock depuis 1997, est riche. C’est à cette époque que j’ai commencé à écouter du stoner, avec des groupes comme monster magnet, fu manchu ou encore Karma to burn. Puis j’ai découvert la scène rock scandinave avec des groupes comme Turbo negro, the Hellacopters, Glucifer, the Hives, flamming sideburns… Et aujourd’hui il y a encore des groupes très intéressants, comme Kadavar, Clutch, Red fang…
Pour l’industrie du disque, j’ai du mal à accepter la dématérialisation de la musique. Ca me chagrine de voir les disquaires disparaitre progressivement. Je suis très attaché à l’objet. Un album c’est avant tout la musique, mais aussi la pochette, le livret avec les paroles et toutes ces petites infos que j’affectionne (les remerciements, dans quel studio le groupe a enregistré, avec qui…). Il y a de très bons groupes stoner en France, j’aime beaucoup ; Loading data, Poncharello, 7 Weeks, Jumping jack, Mudweiser et Glowsun. J’ai les albums de tous ces groupes et nous les connaissons, nous avons souvent partagé des scènes avec eux, d’ailleurs je les salue.
Sur quoi voulez-vous lever le voile ?
Nous voulions, sur cet album, faire découvrir des facettes musicales que nous n’avions pas explorées. C’est le cas pour le titre Roller coaster blues où nous sentons des influences entre Soundgarden, the Cult ou encore Unida. Sur le titre Time is not on my side (petit clin d’œil aux Rolling Stones) on retrouve du Led zeppelin, RATM, the Black crowes et Hendrix. Nous ne voulions pas être enfermés dans le style de nos 2 premiers albums. Nous écoutons beaucoup de styles différents, ce qui nous tient à cœur c’est de bien « les digérer » pour ensuite les présenter à notre sauce.
Vous semblez enchainer les concerts. Est-ce facile de trouver des dates en France, d'y organiser une tournée ? Faites-vous aussi des concerts à l'étranger ? Vous avez récemment joué avec Karma To Burn. Comment était-ce ? Avez-vous pu discuter avec les membres du groupe ?
Nous avons un management efficace, je veux d’ailleurs remercier Carl Langlet de l’association LX pour son remarquable travail. Nous avons une certaine notoriété qui nous permet de trouver assez facilement des dates. Mais nous remarquons que beaucoup de lieux disparaissent. Les charges mais aussi le bruit que génère un lieu musical ne favorisent pas la pérennité de ce type de structures. Pourtant, il y a beaucoup de groupes c’est dommage. Les pouvoirs publiques devraient soutenir ces structures qui pour la plupart sont petites donc peu onéreuses. De plus, elles contribuent à la mixité sociale et générationnelle autour des musiques actuelles. Je ne parle pas des SMAC, mais de ces petits lieux tenus par des commerçants (clubs, cafés, bars…) ou par des petites associations, où peuvent jouer les groupes non confirmés. Ils font un travail remarquable, ce sont souvent des passionnés il faut les soutenir.
Nous avons déjà joué en Espagne, en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg, au Pays-Bas, en Suisse et même en Algérie. Nous devions aller jouer en Angleterre en décembre mais pour un problème de planning nous repoussons ce projet à plus tard.
Nous avons effectivement joué avec Karma to Burn en octobre en Belgique. Il y avait également nos potes de Loading Data de Paris. Nous avons pu parler avec les membres de Karma to Burn, ils sont très sympas et ils m’ont dédicacé mes albums. Leur prestation était époustouflante, rien qu’à 3 (et sans chant) et malgré l’heure tardive à laquelle ils ont joué, ils ont tout retourné, bravo les mecs !
Vous sortez votre nouvel album en vinyle. Le retour de ce format vous étonne-t-il ?
Je suis content de ce retour, le format met l’objet en valeur, il permet notamment de mieux apprécier le visuel. Le vinyle n’a pas vraiment disparu, dans le mouvement Punk/hardcore underground, il a toujours été présent. J’ai commencé à collectionner mes groupes favoris avec ce format dans les années 80, puis le CD est arrivé… J’ai une certaine nostalgie de ces « années vinyle », donc c’est tout naturellement que je suis heureux d’avoir un album de ZOE sous ce format, à ranger à côté de ZZ Top.
Pouvez nous promettre de ne pas attendre cinq années supplémentaires avant d'enregistrer un quatrième album ?
On va essayer ! On pense se remettre à composer en janvier 2015. On peut espérer une sortie courant 2016, mais je ne peux rien te promettre, tout dépend du nombre de concerts que l’on donnera en 2015 et du temps que nous allons mettre pour accoucher de ce quatrième bébé.
Que pensez-vous de Deezer et autres portails de musique basés sur une rémunération à l'écoute ? Votre album est-il disponible sur ces plateformes ?
ALDO : notre album est dispo sur Deezer. Même si je n’aime pas trop le téléchargement, je ne suis pas contre, c’est simplement le fait de consommer de la musique sans enveloppe qui ne me satisfait pas. Mais bon, il vaut mieux écouter ZOE sur Deezer que ne pas l’écouter du tout !
Quelles sont les principales difficultés que vous avez éprouvées et que vous éprouvez encore dans la création et la diffusion de votre musique ?
Pour créer notre musique nous n’avons pas de difficultés si ce n’est le temps. On travaille à côté, on tourne avec ZOE ce qui ne nous laisse pas beaucoup de temps pour composer. Si on pouvait gagner suffisamment notre vie avec notre musique, on pourrait consacrer davantage de temps à la composition et nos albums sortiraient plus vite. Pour ce qui est de l’enregistrement, grâce à l’informatique, on peut aujourd’hui faire de bonnes productions avec peu de moyens (chose qui était impensable il y a 20 ans).
Pour ce qui est de la diffusion, les bacs ont quasiment disparu, il reste internet. C’est surement plus facile pour les groupes d’aujourd’hui de se faire remarquer grâce au net. Mais des groupes il y en a des milliers, alors pour sortir du lot ce n’est pas facile ! Nous avons la chance d’avoir bâti notre réputation sur scène. Ceux qui viennent nous voir, savent qu’ils vont passer un bon moment de rock’n’roll. Notre meilleur moyen de diffusion c’est la scène. Nos titres sont taillés pour les concerts, ils sont faits pour secouer la tête, battre du pied et scander les refrains en levant sa bière. Certes, le chemin est long pour se faire connaitre, mais progressivement en prêchant notre rock’n’roll un peu partout, nous avons de plus en plus de fidèles qui chantent avec nous « DON’T TOUCH MY BEER ».
Merci Aldo
Merci à toi