Chers Wavers…
Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler dans cet édito en mon nom. Il n’y aura pas de « nous », pas de « Music Waves » mais un « je » bien personnel pour vous relater mon expérience concernant la création de la boutique de vente de CDs et vous expliquer les raisons de sa fermeture en fin d’année.
Pour bien tout comprendre, faisons tout d’abord un bref retour dans la passé et revenons en 2005. A cette époque, l’idée de créer une boutique avait déjà germé dans mon esprit (malade) donnant en fin d’année une version de Music Waves accueillant la vente de CDs. Tout en conservant mon travail salarié, j’ai alors géré ce commerce pendant environ un an. Les albums se vendaient plutôt bien mais je ne gagnais pas suffisamment pour pouvoir en vivre. Faire des paquets, répondre aux mails et gérer les commandes après le boulot jusqu’à deux heures du matin ont eu raison de ma motivation et j’ai donc préféré fermer la boutique en 2006.
Je m’étais dit à l’époque que si l’opportunité se présentait de pouvoir gérer de nouveau une vente de CDs sur Music Waves mais à temps plein, je retenterais l’expérience. Cette idée ne m’a jamais quitté et l’occasion s’est présentée en 2012. J’ai alors quitté la banque dans laquelle je travaillais, j’ai racheté le stock de feue Progpulsion en 2012 et je me suis lancé dans la programmation de la version 3.0 du site qui a duré un peu plus d’un an. En travaillant comme un forcené, j’ai pu ouvrir la boutique en septembre 2014, plein d’espoir (moi, pas la boutique).
La première difficulté et non des moindres a été de trouver des distributeurs français proposant des prix corrects. Si je savais que je ne pourrais jamais concurrencer certains Marketplace (qui je le rappelle contiennent des vendeurs américains ne payant ni douane, ni TVA, ni impôt sur les sociétés ni charges sociales en France et qui profitent d’un change dollar/Euro intéressant), je pensais pouvoir trouver tout de même des albums à des prix décents permettant de faire une marge nécessaire pour survivre et finalement arriver à vendre les CDs en dessous de 15€. Il n’était pas question de les vendre plus chers (d’autres le font déjà). Avec la crise de l’industrie du disque, les prix de gros devaient avoir baissé depuis 2005, c’était évident... Eh bien pas du tout ! Je ne rentrerais pas dans le détail et je ne citerais aucun nom mais à peu près partout les prix proposés étaient environ 2 à 5 € plus cher que les prix TTC du marketplace. Imaginez-vous revendre un CD que vous achetez à plus de 14€ alors qu’ils sont à 9€ partout ailleurs sur le net…
J’ai donc tenté de chercher d’autres fournisseurs à l’étranger. Au royaume uni le prix unitaire était intéressant mais le surcout de change avec la livre et les frais de port ramenaient au même résultat ; aux Etats-unis, les frais de douane + TVA et les délais/couts de livraison étaient juste rédhibitoires. Mais surtout, un problème de taille est survenu avec les gros labels et même les plus petits qui ont tous des distributeurs attitrés dans tous les pays. Ces derniers prennent évidemment leur marge réduisant à néant toute possibilité pour les petits commerçants d’avoir des albums à prix « d’usine ». (ça vous rappelle quelque chose ?) Ces tarifs non concurrentiels m’ont amené à la conclusion suivante : je ne pouvais pas proposer dans ma boutique les productions des labels les plus connus. Exit les InsideOut, Mascot, Roadrunner, SPV, AFM et tous les autres – Merci en passant à K-scope d’avoir joué le jeu en proposant un deal en direct.
Malheureusement ce n’était pas fini. Les transactions avec les groupes ou les petits labels n’ont pas non plus été évidents. Le premier contacté a mis trois semaines avant de m’envoyer le paquet commandé ; il a fallu relancer plusieurs fois certains groupes pour qu’ils daignent enfin me donner un prix – quand ils ont pris la peine de me répondre. Au bout de quelques jours, j’en ai déduit que la majorité des groupes « connus » (j’ouvre les guillemets car on est quand même loin d’une réputation à la Metallica) préfère vendre ses albums en direct ou ne sont tout simplement pas intéressés par des commandes en petite quantité (chose que je peux aisément comprendre).
Tout ceci aurait pu finalement être outrepassé car certaines transactions se sont bien déroulées si un léger détail n’avait pas fini d’enfoncer le clou : le peu de ventes réalisé sur le site et particulièrement des nouveautés. Après un mois, le constat est assez paradoxal : les CDs se vendent, certes, mais en dessous de 10€. Et à ce prix-là, je ne peux tout simplement pas m’en sortir d’autant que la France est championne d’Europe des charges sociales pesant sur les entreprises (taux d’imposition global : 64%).
Pour toutes ces raisons, c’est avec une certaine tristesse mais absolument pas d’aigreur que j’ai décidé de fermer la boutique au 31 décembre 2014 et de brader tout le stock de CDs à moins de 10€. Ce sera une bonne occasion de compléter votre collection car une grande majorité des albums méritent que l’on s’y attarde. Je vous fais en outre profiter des derniers arrivages des groupes Soup et FreddeGredde à bon prix.
Pour accéder à la boutique cliquez sur le lien suivant :
http://www.musicwaves.fr/DefaultSale.aspx
Cette fermeture n’entraine pas la fin de Music Waves. Si la partie Shop n’a au final aucune valeur ajoutée, la partie Media va quant à elle perdurer et proposera toujours plus de contenu. Les offres de promotion vont aussi être renforcées car MW reste et restera toujours un maillon indispensable pour relier les groupes et labels souhaitant présenter leur musique et les mélomanes toujours plus nombreux sur le site en recherche de nouvelles sensations.
Je remercie personnellement tous les lecteurs et les membres du staff qui ont soutenu cette initiative et qui ont fait une ou plusieurs commandes sur le site… Au final, tant que les gens continueront à acheter des CDs ou des MP3 aux groupes, quelque-soit la plateforme, faire de la musique a encore un avenir et c’est ce qui est le plus important… Le succès des portails que sont Spotify et Deezer est plus inquiétant mais ceci est une autre histoire…