Nous avons rencontré un Jeff Angell d'une honnêteté et transparence rare qui revient nous voir, pas pour le deuxième album de Walking Papers, mais pour son nouveau projet Jeff Angell's Staticland...
Nous nous étions rencontrés juste avant un concert de Walking Papers en décembre 2013 et je ne t’avais pas posé la question traditionnelle du site qui est de savoir quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée ?
Jeff Angell : Quand le prochain album de Walking Papers sortira ?
Et je m’excuse par avance parce que nous y reviendrons…
(Rires) Il n’y a aucun problème au contraire, je me ferai un plaisir de te répondre.
Et donc que s'est-il passé pour toi depuis décembre 2013 ?
Et bien, nous avons écrit un nouvel album de Walking Papers, nous l’avons même enregistré et mixé… Il est prêt mais plein de choses se sont passées par ailleurs qui font qu’il n’est pas encore sorti…
Avec Walking Papers, nous avons tourné notamment avec Aerosmith, Alice in Chains, Jane’s Addiction, Biffy Clyro… nous avons énormément tourné, avons fait plein de festivals et notamment le Hellfest sur la MainStage, ce qui fut une super expérience…
Dans ces conditions, au regard du succès avec Walking Papers et le fait que le deuxième album est prêt comme tu me l’as annoncé – fermant la porte aux rumeurs de la fin de Walking Papers suite au retour de Duff McKagan pour la tournée avec Guns and Roses - pourquoi avoir créé ce nouveau groupe ?
J’ai énormément d’idées, trop pour le seul Walking Papers et j’avais besoin de plusieurs véhicules pour les diffuser.
Nous sommes à différentes étapes de nos vies : certains sont au creux de la vague alors que moi je suis toujours au plus haut de cette vague.
Walking Papers était plus proche d’un projet solo
Encore une fois, tu joues avec tes amis Benjamin Anderson et Joshua Fant, peut-on dire que ce nouveau véhicule Jeff Angell’s Staticland est le groupe qui te ressemble le plus ?
C’est amusant parce que ce groupe reflète le mieux ce que je suis aujourd’hui, mais le plus drôle dans l’histoire est que l’album de Walking Papers était entièrement de moi. Je dirais que ce nouveau groupe est plus une collaboration que Walking Papers. En fait, Duff a rejoint Walking Papers alors que l’album était déjà écrit : il jouait uniquement sur deux titres de l’album et nous avons re-sorti l’album en ajoutant ses lignes de basse. Bref, Walking Papers était plus proche d’un projet solo que ce nouveau groupe, mais les gens pensent l’inverse en raison de la présence de noms comme Barrett Martin et Duff. Mais pour le coup, l’album de Walking Papers était mon album soutenu par ces deux noms.
Walking Papers n’était pas le bébé de Barrett ou de Duff mais bel et bien le mien, ce qui explique que ce projet n’était pas aussi important pour eux que pour moi. L’album de Walking Papers était vraiment le mien alors que cet album de Jeff Angell’s Staticland est plus une collaboration. Mais soyons clairs, je suis heureux d’être ici et de présenter cet album qui est ce que je suis aujourd’hui.
N’est-ce pas frustrant pour toi de voir que le public résume Walking Papers à Duff alors que tu en es le cerveau finalement ?
Je dirais plutôt le cœur (Sourire)… Je ne dirais pas que c’est décevant, je dirais plutôt que je suis résigné… J’ai fait des albums avec The Missionary Position, et ce groupe avait plein de fans, des vrais que nous croisions lors des nombreux concerts que nous avons faits, mais pour attirer l’attention de l’industrie, il faut avoir quelque chose…. Je suppose que tu dois recevoir plein de CDs, les écoutes-tu tous ?
Je savais pertinemment que Walking Papers attirerait l’attention [...] dont j’avais besoin afin de faire librement les choses que je
souhaite faire aujourd’hui
Non…
Voilà, et pour attirer ton attention, nous avons pensé à réunir autour de nous des musiciens des plus grands groupes du monde : Duff McKagan qui a joué avec Guns and Roses et Barrett Martin qui a joué avec Screamin Trees ! Quand j’ai fait cet album avec Barrett et que j’ai invité Duff et qu’il a lui-même contacté Mike Mc Cready (NdStruck : guitariste de Pearl Jam) pour y jouer, je savais pertinemment que Walking Papers attirerait l’attention, attention dont j’avais besoin afin de faire librement les choses que je souhaite faire aujourd’hui.
Cela explique-t-il que pour la première fois, le nom de ton groupe porte ton propre nom à savoir que tu estimes qu’après Walking Papers, ton nom est enfin bankable comme on dit ?
C’est vrai ! Et je tiens à préciser qu’avec ce groupe, nous jouerons des titres de ce nouvel album parce qu’ils me rendent enthousiastes mais nous jouerons également des chansons des précédents groupes dans lesquels j’ai joué…
Je veux dire que je ne suis pas un nouvel artiste, j’ai fait plus d’albums que certains grands groupes et j’en suis extrêmement fier. Certains musiciens traînent leurs albums passés comme un boulet mais ce n’est du tout mon cas. Les différents groupes dans lesquels j’ai joué se sont séparés pour différentes raisons : certains étaient en prison, d’autres avaient des problèmes de drogue… différentes raisons qui faisaient que ces membres ne pouvaient plus continuer à jouer. Nous avons donc arrêté ces groupes avec un respect mutuel, et aujourd’hui je pense qu’il est temps que je joue enfin tous les titres issus de ces différents groupes.
Dans ces conditions, pourquoi ne pas avoir appelé ce groupe Jeff Angell’s Best of mais Staticland qui laisse à penser que tu n’as pas évolué ?
En fait, il y a deux définitions pour « Static ». La première que tu cites à savoir que tu restes au même endroit, que tu ne changes pas et la seconde est l’interférence, une interférence audio et c’est la définition que j’ai bien entendu retenu.
Et j’aime cette dualité, un peu comme la pochette : sur la pochette, la majorité des gens voient un boxeur k.o. mais est-il vraiment knock out ? En fait, les gens voient un boxeur ko, un
looser qui ne se relèvera pas, mais finalement, au regard de ce visuel, personne ne sait si il ne se relèvera pas.
Je te mentirais en ne te disant pas [...] qu’en
constatant que finalement ce disque [de Walking Papers] ne sortirait pas, putain, ça m’a
fait chier…
Peut-on faire un lien entre cette pochette et ta situation personnelle, à savoir que les évènements autour de Walking Papers t’ont touché mais tu t’es relevé avec Jeff Angell’s Staticland ?
Je te mentirais en ne te disant pas que nous avons travaillé durement avec Walking Papers pour enregistrer ce deuxième album et qu’en constatant que finalement ce disque ne sortirait pas, putain, ça m’a fait chier… Je comprends les raisons qui font que cet album n’est pas sorti mais qu’allais-je faire ? Rentrer chez moi et pleurer ? Non, j’ai écrit un nouvel album…
Mais désolé de revenir dessus, penses-tu que ce deuxième album de Walking Papers sortira un jour ?
J’espère… Je ne sais pas quand il sortira mais je sais qu’il sortira un jour parce que tout le monde est d’accord pour dire qu’il doit sortir un jour. Malgré tout, comme il n’est pas prévu qu’il sorte prochainement, je ne pouvais pas me permettre d’attendre et j’ai décidé de sortir mon propre album.
Si je comprends parfaitement ta décision, en revanche, je ne comprends pas celle du label en ne sortant pas ce deuxième album de Walking Papers ?
Aucun label ne voulait sortir un album que le groupe ne pourrait pas défendre sur scène : Duff tourne avec Guns and Roses, Barrett avait peur de jouer sans Duff… Je n’avais pas peur de jouer sans Duff, nous l’avions déjà fait…
Y-a-t-il un risque que cet album ne sorte jamais ?
Si ça ne tenait qu’à moi, je me serais débarrassé de cet album en le donnant gratuitement aux fans.
Fans qui étaient nombreux tant l’accueil de cet album a été unanime, tout le monde s’accordait à dire que ce premier album de Walking Papers était une vraie réussite…
… et j’estime que le deuxième est meilleur que le premier. Le moteur qui me pousse à faire de la musique est de faire de la musique et de la faire vivre pour toujours, plus que jouer sur scène…
Et je comprends parfaitement qu’un fan qui a aimé notre premier album soit déçu de ne pas pouvoir écouter nos nouvelles chansons… De mon côté, j’ai passé deux ans de ma vie à travailler sur cet album : je suis super déçu que cet album n’existe pas finalement et que les fans ne puissent pas l’écouter !
Je suis un guerrier et à cet égard, je me relèverai toujours !
Au pire moment, as-tu envisagé de laisser tomber la musique ?
Non ! Comme nous l’évoquions au moment de parler de la pochette, pendant toute mon existence, j’ai dû combattre cette adversité. Depuis que je suis né dans la famille dans laquelle j’ai grandi, je n’ai jamais pu avoir ce que je voulais, je ne pouvais jamais aller là où je voulais aller, je n’avais pas d’argent pour me payer des leçons de musique… : je suis un guerrier et à cet égard, je me relèverai toujours !
Peut-on résumer ta carrière à cette pochette à savoir que ce boxeur te représente après l’annonce que le deuxième album de Walking Papers ne sortirait mais finalement la réponse est à l’intérieur de cet album, à savoir toutes ces nouvelles chansons ?
Tout à fait, c’est ma réponse et pour revenir à Walking Papers, si je pouvais le faire, je mettrais illégalement en ligne le deuxième album du groupe afin d’être certains que les fans puissent l’écouter : cet album est mon cœur ! Mais seul l’avenir répondra à cette question et j’espère que tout le monde se mettra d’accord sur les conditions de sortir cet album. Parce qu’il faut que les fans puissent l’écouter : généralement chaque album permet au groupe de monter d’une marche mais celui-ci nous a fait franchir deux marches…
Et pour en revenir à cet album de Jeff Angell’s Staticland, comment avez-vous travaillé, sachant que tu considérais cet album plus comme une collaboration ? D’ailleurs, est-ce la première fois que tu travailles de la sorte ?
Non, j’ai toujours eu l’habitude de collaborer dans mes groupes précédents : par exemple, dans The Missionary Position, nous travaillions énormément ensemble, il en était de même sur le deuxième album de Walking Papers où la plupart des compositions étaient faites par Ben et moi.
Peut-on dire que Benjamin Position avec qui tu as travaillé dans les deux groupes que tu as cité est ton frère de musique ?
Totalement ! En fait, nous sommes totalement complémentaires : dans ce duo, je suis celui qui souffre de troubles déficitaires de l’attention alors que lui serait qui souffrirait de troubles obsessionnels compulsifs : il est très concentré et je suis le rêveur ! Il rend mes rêves tangibles !

Et quelle est la place de Joshua dans ce couple ?
Joshua est de loin le meilleur batteur avec lequel j’ai joué. Il joue bien et fort mais surtout, c’est un batteur qui joue au service du groupe ! Plein de batteurs jouent pour en mettre plein la vue et montrer qu’ils sont là : ce n’est pas son cas, il est au service des chansons.
Nous avons une relation privilégiée avec Ben pour travailler sur ces chansons, et Joshua est là pour nous donner le rythme qui rend ces chansons possibles.
Je n’ai jamais écrit des chansons pour attirer l’attention mais pour attirer ma propre attention
Est-ce la résumé de ta carrière finalement un musicien au service de la musique et au détriment de sa popularité ?
Pour pouvoir parler de carrière, il faut que les gens soient au courant de ce que tu fais…
Mais c’est intéressant, parce que quand j’ai commencé à faire de la musique, c’était pour me divertir… Jouer de la musique revêtait un caractère très bénéfique pour ma santé. Je n’ai jamais écrit des chansons pour attirer l’attention, mais pour attirer ma propre attention. Ensuite, pour pouvoir continuer à écrire des chansons et pouvoir éventuellement vivre de cette musique, il faut avoir un public. Et c’est génial de pouvoir échanger avec le public, d’autant que tout mon cercle y compris ma petite amie est issue de la musique. Bref, plus je mets de sueur dans ma musique, meilleure ma vie est. La musique a un vrai effet positif dans ma vie !
De la même façon, jouer avec Duff et son retour au sein de Guns and Roses sont positifs ! Je me refuse de penser autrement, parce que sinon tout ce qui a pu être positif dans ma vie, je pourrais le voir sous un angle négatif : je refuse d’avoir de la négativité dans ce que je fais !
Et le côté positif est ce nouvel album dont nous allons parler : ta voix est fantastique et donne le frisson… quelle est ta recette ?
Je prends beaucoup de temps pour écrire des chansons et j’estime que la recette est seulement de croire ce que tu dis. Dans la vie quotidienne, il m’arrive souvent de ne pas avoir le temps d’articuler les idées que je souhaite exprimer, en revanche, quand j’écris une chanson, je crois tellement au message que je suis confiant et à l’aise quand je la chante…
Je ne sortirais ainsi jamais une chanson en laquelle je ne crois pas : je n’écris pas une chanson pour accomplir quoi que ce soit, j’écris une chanson pour la chanson ! J’aime vraiment écrire des chansons…
Quels sont les sujets que tu traites dans cet album ?
Hum, je dirais le contrecoup suite à l’accomplissement de certaines choses et pouvoir surmonter cela.
En faisant cet album, je me suis démontré que j’ai encore besoin de défis.
On peut encore faire le parallèle au sein de Walking Papers…
Tout à fait ! Cela m’a affecté à un certain niveau de ma vie, mais plutôt que de me concentrer sur ce sujet, je voulais faire le point sur quel type de personne je suis. Suis-je le genre de personne qui a besoin de défis à surmonter, ou le genre de personne qui est résignée par avance et juste bonne à prendre ce qu’on lui donne ? En faisant cet album, je me suis démontré que j’ai encore besoin de défis.
Concernant les textes, il n’y a rien de plus ridicule qu’un rocker de nos âges qui écrit des sujets d’ado, tu viendrais parfois à passer pour un pédophile. Je suis père d’une grande fille, et j’ai voulu composer une chanson pour que les gens de notre génération puissent s’y identifier. J’aimerais que ces pères quand ils sont mal dans leur peau puissent se sentir mieux en écoutant 'Let The Healing Again', et peut-être vouloir devenir de meilleurs pères.
'The World Is Gonna Win' traite de choses que des enfants font et que des gens de nos âges ont pu faire à une époque de leurs vies. Si nous comprenons donc pourquoi nos enfants les font, en tant que père, il est de notre devoir de les protéger et de leur dire qu’il ne faut pas le faire. Par exemple, tomber amoureux est la plus belle des choses mais cela peut faire très mal… Et si c’est le cas, je lui dis que je serais toujours là pour elle. De la même façon, j’ai bu et je peux comprendre pourquoi les jeunes le font mais je ne les encourage surtout pas dans cette voie. Bref, le sujet de cette chanson est que nous souhaitons protéger nos enfants mais nous souhaitons également qu’ils aient une vie. Cette chanson donne quelques pistes pour être un bon père et je ne crois jamais avoir entendu un tel titre qui traite ainsi de la relation père / fille.
Et comment ta fille a pris cette chanson ?
Je dirais qu’elle était gênée. Je ne pense pas qu’elle ait apprécié cette chanson à sa juste valeur, je pense qu’elle ne l’appréciera réellement que lorsqu’elle sera adulte voire quand je ne serai plus.
Malgré tout, ce titre n’a pas forcément écrit pour elle, ce sont mes émotions…
Cet album est très varié, puisqu'on peut trouver des influences de Jane’s Addiction (Band-Aid on a Bullet Hole”) ou encore le style de Richie Sambora (“Tomorrow”s Chlore”) : valides-tu ?
Oui pour la comparaison avec Jane’s Addiction mais pas celle avec Richie Sambora.
Et pourquoi ?
Tout simplement parce que je n’ai jamais écouté sa musique ! Je sais qui il est mais je n’ai jamais écouté le moindre de ses albums solo . Mais bien sûr, j’aime des titres comme 'Livin’ on a Prayer' dans lequel il joue, et qui est définitivement une super chanson.
En revanche, j’étais obsédé par Jane’s Addiction quand j’étais adolescent. Je considère que c’est un groupe incroyablement sous-estimé. Mais bon, ils se sont tiré une balle dans le pied en se séparant. Si ils avaient continué à sortir des albums de qualité, je suis certain qu’ils seraient devenus un des plus grands groupes. Tout le monde résume la scène de Seattle à Nirvana estimant que ce sont eux qui ont ouvert la porte, mais Nirvana a seulement pris l’autoroute que Jane’s Addiction avait payée.
Et Nirvana a finalement totalement occulté la scène de Seattle en devenant culte avec la triste disparition de Kurt Cobain…
Tout à fait ! Mais avant ça, Nirvana a sorti l’incroyable "Nevermind" qui a vendu 3 millions de copies alors que Jane’s Addiction n’a vendu que 2 millions ou 1,5 millions de copies de "Nothing's Shocking"… Enfin bref, j’adore Jane’s Addiction qui a eu une énorme influence sur moi. Et avoir la possibilité de tourner, partager la même scène qu’eux et les voir a été vraiment très cool…
Qu’attends-tu de cet album ? Penses-tu qu’avec le soutien d’UDR, tu pourras atteindre le succès que tu aurais dû avoir avec ton premier album « Sexual Uno » qui vous a permis de tourner avec Queen of the Stone Age ?
Nous avons dû vendre le millier de copies disponible de cet album : c’était le deal bizarre que nous avions signé à l’époque !
Et si la tournée avec Queen of the Stone Age peut paraître prestigieuse, elle ne l’était pas tant que ça : le groupe n’était pas aussi connu à l’époque, ce n’était encore qu’un petit groupe !
Et concernant cet album, je n’ai aucune attente, je suis simplement content d’avoir pu le sortir.

Oui, mais si tu es ici aujourd’hui, c’est qu’UDR a des attentes…
Oui (Sourire) ! Ils sont un soutien précieux…
Ils m’ont contacté pour faire cet album après qu’un des agents d’UDR qui nous a vu jouer avec Walking Papers a appris que Duff allait tourner avec Guns and Roses et que j’aurais du temps… Il m’a demandé si je voulais faire un album et j’ai répondu que j’adorerais… Ils m’ont donné cette opportunité et j’en suis extrêmement reconnaissant. Et tant qu’ils le souhaiteront, je travaillerai dur pour eux !
Mais de façon générale, aujourd’hui, je pense que personne ne sait ce qu’il est possible d’attendre quand tu vois l’état de l’industrie du disque.
Aujourd’hui, plein de gens considèrent que le rock’n’roll est en train de mourir mais finalement, ce n’est pas le rock’n’roll qui meurt mais l’argent du marketing qui meurt et je suis convaincu que tu le sais aussi bien que moi en tant que média.
Le rock’n’roll se porte bien mais ne peut pas se permettre de promouvoir tous les groupes. Pour ma part, je ne peux pas m’attendre que UDR mette plus d’argent en promotion sur l’album d’un nouvel artiste qu’ils n’en attendent en retour. Je connais bien les membres d’Alice in Chains et je sais qu’avant même d’être connu et d’avoir sorti un tube, le label avait dépensé plus de 2 millions de dollars dans la promotion du groupe : c’était en 1990. Aujourd’hui, cela reviendrait à mettre 10 millions de dollars. Aujourd’hui qui mettrait 10 millions de dollars sur la table pour promouvoir un groupe car il faut les rentabiliser et donc vendre des albums pour au moins les rembourser ? Personne, car qui est susceptible de vendre 3 millions de disques aujourd’hui ? Adele ?
Bref, personne ne met de l’argent pour promouvoir la musique et cela n’a rien à voir avec la qualité de la musique qui est toujours aussi bonne… Aujourd’hui, les seuls derniers groupes qui ont de la promo sont des groupes établis qui surfent sur la nostalgie des gens : le business est ainsi, et dans ces conditions mes attentes sont de faire du mieux possible avec ce que nous avons : c’est déjà un privilège d’être ici et je suis très reconnaissant.
Et aujourd’hui quel est l’accueil du public et notamment en France où tu as joué hier ?
L’accueil était super ! Certes, il y avait moins de monde qu’au Hellfest (Rires) ! Il y avait peu de monde en raison du peu de promo faite autour de la date et de la sortie de l’album, mais tous ceux présents étaient enthousiastes.
Nous avons commencé cette interview par la question qu’on t’a trop souvent posée, au contraire quelle est celle que tu souhaiterais que je te pose ?
Hum, c’est une question difficile…
Je ne sais pas mais en revanche, puis-je te poser une question ?
Oui
"Pourquoi les hommes ont des tétons ?" (Rires) Autant je comprends pour les femmes, cela sert à nourrir les bébés mais pourquoi les hommes en ont-ils ?
Désolé, je n’ai pas la réponse… en revanche, souhaites-tu passer un message aux lecteurs de Music Waves ?
J’aime les Français qui n’ont pas peur de dire ce qu’ils pensent. C’est également le cas aux Etats-Unis mais je n’ai pas l’impression que ce soit le cas dans l’Europe en général : les Européens sont généralement réservés.
N’est-ce pas plutôt les Français que tu vois qui ont une attitude rock’n’roll qui sont ainsi ?
Ah, tu as peut-être raison ! C’est la beauté de la musique qui attire un certain genre de personnes qui ont le même profil.
Ainsi, on me demande souvent mon avis sur la présidentielle américaine. Je ne peux pas croire que le clown Trump ait pu aller aussi loin mais il a été soutenu pas des millions de personnes qui sont selon moi des idiots. Dans mon monde, le monde des personnes que je croise et avec qui j’échange comme toi aujourd’hui, et nous ne comprenons pas qu’il puisse y avoir tant d’idiots qui soutiennent ce personnage : c’est bizarre et effrayant à la fois !
Nous vivons la même chose en France avec la montée du Front National, en Autriche où le parti nazi a failli passer au pouvoir… Le monde va mal et ces partis jouent sur la peur des gens…
Exactement ! Ils jouent notamment sur les peurs des du Moyen-Orient et des extrémistes. Mais en se refermant sur soi, la situation sera pire encore.
Je ne dis pas que j’ai la solution mais la solution n’est pas d’ignorer, de cacher, de recouvrir ou de fuir le problème et c’est ce que proposent ces partis.
Exactement, la solution est plus dans le partage que dans l’isolement qui créé encore plus de disparité et donc de risques…
Totalement ! Et si nous étions plus intéressés à aller dans ces pays pour leur donner accès à l’eau potable et de la nourriture plutôt que d’y aller pour leur prendre leur pétrole !
Partageons, essayons d’offrir aux gens ce dont ils manquent, et le monde serait peut-être meilleur et prendra une autre dimension comme notre interview d’ailleurs (Rires)…
Merci
Tout le plaisir a été pour moi ! Merci pour ton temps...
Merci à Axel_D pour sa contribution..